Manger sainement : épargner tout en gagnant plus!
Manger sainement : épargner tout en gagnant plus!
Chantale Roy
Le 13 octobre 2015
Il semble que nous les humains avons cette espiègle tendance à résister au changement. La raison qui réussira à se faufiler parmi la masse d’objections avec lesquelles l’ego bombarde à répétition la volonté en soi mérite un titre honorable.
Si cette raison solide rejoint ma volonté, il se peut que l’argument financier tente de l’attaquer avec l’énoncé suivant : « Oui, mais manger sainement, ça coûte cher! »
Personnellement, mon désir d’être en santé pour vivre pleinement et librement n’arrivera jamais à se faire abrutir par un tel argument, d’autant plus qu’à mes yeux cela est faux. Au bout du compte, mon assiette quotidienne est tout à fait économique, en plus d’être hautement rentable.
Voici quelques moyens pour justement épargner, tout en gagnant plus. En gros, il s’agit d’apprendre à faire les meilleurs choix d’aliments et à les utiliser de façon optimale.
1- Faire une liste de ce qu’on mange vraiment
La majorité des gens font une rotation d’environ 10 recettes. À cela s’ajoutent des aliments divers tels les fruits et légumes entiers, comme les pommes par exemple. Il est plus facile ensuite de faire une liste par catégories (pour ceux et celles qui mangent cru, voir la liste dans mon livre Crusine express 1) :
- fruits;
- légumes;
- graines;
- noix;
- céréales;
- légumineuses;
- autres.
Par la suite, on monte notre inventaire graduellement. N’acheter que ce qu’on utilise réellement nous empêche de perdre de l’argent et de la nourriture fantôme…
2- Établir un budget nourriture et s’en tenir à ce point de repère
Il est fort possible que si on n’a pas de limite financière, l’attrait du moment peut nous faire perdre le contrôle. À partir de ces chiffres, on peut garder un certain équilibre, puisque parfois le simple fait de se dire « en autant que ce soit santé, je peux l’ajouter à mon panier de provisions » peut nous jouer des tours.
3- Acheter en gros
Notre budget personnel ou familial peut être quotidien, hebdomadaire, bimensuel, mensuel, annuel, etc. Si celui-ci le permet, on peut acheter nos ingrédients les plus populaires en plus grande quantité. Évidemment, pour les denrées périssables, comme les fruits et légumes, il y a lieu d’évaluer nos besoins réels; on doit alors déterminer si le mûrissement suivra le même rythme que notre consommation quotidienne. Ainsi, une caisse de bananes fraîches et biologiques pour deux personnes peut s’avérer moins pertinente. Par contre, si on aime en consommer congelées pour en faire une crème glacée ou des smoothies et que l’espace disponible au congélateur le permet, ce choix peut être nettement avantageux. On peut même négocier avec les marchands ou les grossistes.
En ce qui concerne les denrées non périssables, comme les noix ou les fruits séchés, il existe une multitude de boutiques en ligne où on peut les commander en gros format. De plus, la plupart d’entre elles entreposent leurs ingrédients en suivant davantage les règles de sécurité alimentaire. Ainsi, leurs noix sont généralement réfrigérées (à vérifier tout de même auprès du grossiste). Je connais tout de même plusieurs magasins d’aliments naturels où ces ingrédients sont réfrigérés.
4- Adopter des pratiques de saine conservation
J’ai la chance d’avoir un fils qui aime particulièrement garder un frigo en ordre. Je veille d’ailleurs à suivre son exemple… Quand chaque chose est à sa place, on voit ce qu’on a et on est plus enclin à consommer ce qui s’y trouve.
Mes noix, graines et fruits séchés sont conservés dans de fameux pots de verre de type Mason. Mes légumes et fruits frais, quant à eux sont mis dans des contenants hermétiques en verre ronds ou rectangulaires. Au garde-manger, mes céréales et légumineuses ainsi que les produits du cacao sont dans des contenants hermétiques. Au mur, un support à bouteilles de vin inutilisé s’est converti en support à épices. Chacune de celles-ci est conservée dans des pots de verre réutilisés.
5- Acheter localement et en saison
Les fruits et légumes constituent la majeure partie d’une alimentation digne d’être qualifiée de « saine ». Aussi, pour bénéficier au maximum de leurs bienfaits, il vaut mieux les acheter frais, sans qu’ils aient été entreposés pendant des semaines perdant ainsi la majeure partie de leurs nutriments. On en a donc pour notre argent!
Par ailleurs, en saison ils sont plus abondants et moins chers, par conséquent. La Colombie-Britannique facilite ce choix, vu la grande variété disponible d’une semaine à l’autre.
6- S’approvisionner directement de sa cuisine : faire des pousses et germinations
On s’entend pour dire que les aliments fraîchement cueillis sont plus riches en nutriments. Des graines ayant germé dans un pot ou sur terreau sont non seulement les aliments les plus concentrés en éléments nutritifs, mais ils ont aussi le meilleur rapport qualité-prix. En effet, on peut se procurer des graines pour quelques sous et produire des kilos et des kilos de germinations qui vaudraient plusieurs dollars, si on les achetait au magasin. Tout ce que cela implique est un peu de temps et de l’eau. Ainsi, un plateau de pousses de tournesol me coûte environ 1,75$ (comparativement à 15$ ou plus, en magasin) et o,30$ pour un pot de trèfle rouge germé (au lieu de 5$). Bien sûr, je ne compare même pas la fraîcheur qui est… incomparable.
7- Jardiner
J’ai déjà vécu dans un lieu où j’avais accès à des centaines d’acres cultivables. Actuellement, c’est un grand balcon qui accueille mes multiples plants de fraises, tomates, légumes verts feuillus et fines herbes. Il ne faut pas sous-estimer l’espace cultivable qui nous entoure. Le jardinage urbain est d’ailleurs le point de mire des visionnaires. Tout l’argent économisé grâce à toute cette nourriture qui pousse chez moi est non négligeable.
8- Faire des choix
Suivant la période de l’année, le prix des aliments varie et on a avantage à prendre des notes. Quand je suis dans un magasin d’alimentation, il m’arrive de regarder le prix des aliments que je n’achète pas. La viande, les poissons, les fruits de mer, les produits laitiers et hautement transformés sont chers. Les fruits et légumes peuvent l’être aussi. J’ai appris à prioriser certains d’entre eux lorsqu’ils sont en saison bien sûr et aussi à favoriser les plus économiques, la plupart du temps.
Par exemple, les graines de tournesol peuvent facilement remplacer en partie ou en entier les noix pour mes laits végétaux ou mes pâtés. Le sarrasin peut remplacer d’autres graines plus dispendieuses. Les carottes sont bon marché à l’année et sont délicieuses sous diverses formes.
9- Consommer l’aliment en entier
Je fais des choix, mais je me concentre sur ce qui est biologique. Je veux donc que mon investissement soit optimal et je veille à ne rien gaspiller. Les citrons biologiques que je presse pour leur jus ont une seconde vie quand je les déshydrate : j’utilise la poudre que j’obtiens en les réduisant en farine au mélangeur et je donne une saveur citronnée à plusieurs de mes plats.
Le feuillage des légumes racines ou les queues de fraises vont dans mes jus. La pulpe de légumes de mes jus est réutilisée pour faire des craquelins ou une poudre de légumes déshydratés. La pulpe de noix, de graines et de céréales sert aussi pour faire des craquelins ou est déshydratée pour faire une farine sans gluten et presque tout usage!
10- Ne pas jeter
Après avoir visionné le documentaire « Just Eat It: Food Waste Story », j’ai appris que 40 % de ce qui est produit sur la terre n’est pas consommé et qu’en général, nous n’utilisons que 25% de ce que nous achetons. Je ne veux pas participer à ce mouvement inconscient du gaspillage.
11- Manger le plus cru possible
Consommer des aliments crus apporte un maximum de nutriments. Étant mieux nourris, nous mangeons moins, ce qui est économique, sauf si nous mangeons nos émotions… Dans ma vie, je remarque que je suis beaucoup plus en santé et par conséquent plus productive et efficace dans mon travail, ce qui peut également se traduire en valeur monétaire au bout du compte. C’est ce bilan global que je fais depuis des décennies. Manger sainement m’apporte plus sur le plan économique, physique, psychologique, spirituel, émotif, sans parler de mon empreinte écologique.
Pour toutes ces raisons, quand la moindre résistance au changement se pointe, je ne peux pas me faire croire que manger sainement coûte trop cher…